La culture Vicus
La culture Vicus occupa le Nord de la région de Piura de 100 avant J.-C. à 400 après J.-C.
Localisation
La culture Vicus occupe le Nord de la région de Piura de 100 avant J.-C. à 400 après J.-C. À cheval entre les contreforts andins, la sierra et le littoral nord péruvien, elle vit principalement de l’agriculture grâce à l’irrigation des terres désertiques de la côte, mais aussi de chasse dans les forêts et d’élevage sur les plateaux. Elle possède son centre sur le mont Vicús, dans la zone de Frías de la région d’Ayabaca, véritable carrefour d’échanges entre le Nord du Pérou et le Sud de l’Equateur, au bord du río Piura. À son apogée, la culture Vicus règne sur 300 km de littoral, de l’actuel Chiclayo et la vallée de Huarney à la vallée Lambayeque au sud.
Identification
La culture Vicus reste assez méconnue, car il est difficile de bien la séparer des fortes influences qu’elle a subi, d’abord Chavín, puis Mochica. De plus, on estime que les pilleurs de tombes, ou huaqueros, ont dérobé pas moins de 40 000 œuvres précolombiennes en vidant 2 000 tombes des immenses nécropoles laissées sans aucune protection pendant les décennies qui ont suivi leur découverte dans les années 1950. C’est Ramiro Matos qui entérine en 1963 la dénomination de Vicus proposée par Edward Lanning au lieu de Sechura, du nom d’une autre zone d’influence Vicus. Les grandes inondations de 1983 occasionnèrent beaucoup de dégâts.
Agriculture
La culture Vicus utilise le guano durement récolté sur l’île de Lobo pour enrichir les terres agricoles. Elle y emploie peut être des esclaves, que l’on reconnait à la corde qui les lie entre eux sur les représentations sur les céramiques. Le maïs, la courge, la patate douce et le coton sont les cultures les plus intensives. Elles sont permises grâce à tout un système de canaux et bassins qui compensent l’alternance de fortes sécheresses et terribles inondations lors de la saison des pluies. L’alimentation est complétée par l’élevage de cuys et canards, la chasse et la pêche.
Artisanat
La céramique Vicus est façonnée, et reflète la vie quotidienne de la population, avec des motifs représentant la faune locale, comme des félins, singes, serpents, canards ou oiseaux, mais aussi les fruits et légumes classiques comme le maïs ou la courge. Des scènes figurent aussi sur les vases des femmes en train de tisser, des guerriers au combat ou des couples en position érotique. On a également retrouvé des instruments de musique en céramique, tambours et vases siffleurs. On peut distinguer sa phase la plus ancienne, proche des cultures Salinar et Gallinazo d’Equateur, avec des forme simples et des visages typés par un nez busqué, des yeux globuleux et de grandes oreilles. La phase plus récente est fortement influencée par la culture Mochica, particulièrement experte en art de la céramique, qui, en soumettant la culture Vicus, lui a enseigné son style artistique. L’art de l’orfèvrerie Vicus est particulièrement riche, avec des boucles d’oreille et de nez, masques, couronnes et colliers pectoraux finement ouvragés, et souvent ornés de plumes et de grelots.
Nécropole
La culture Vicus a construit parmi les plus vastes sites funéraires, dont le Cerro Vicús qui abritent plus de 2 000 tombes dispersées. Elles consistent en des cheminées profondes de 4 à 15 m pour seulement 80 cm de diamètre, qui débouchent sur la chambre funéraire, plus vaste. Cette dernière est souvent remplie d’œuvres en céramique, tissus et métaux précieux s’il s’agit de la sépulture d’un dignitaire. La culture Vicus, contrairement à nombre de cultures précolombiennes, procèdent à la crémation des corps des défunts ; on ne retrouve donc que de la cendre appelée « terre des morts » par les pilleurs de tombe. Les tombes sont recouvertes de sable pour être protégées des curieux et de l’usure du temps, ce qui se révélera insuffisant lors des pillages des années 50.
Déclin et fin
Plusieurs hypothèses cohabitent pour expliquer la disparition de la culture Vicus. L’appauvrissement de la région peut être la conséquence d’une désertification qu’aucune technique d’irrigation ne put endiguer. L’irruption de nouvelles routes commerciales concurrentes avec le développement parallèle de la culture Mochica est sûrement un élément explicatif de ce déclin.