Textile et plumes au Pérou
Né avant la céramique et la métallurgie, le tissage est l’art le plus ancien du Pérou.
Né avant la céramique et la métallurgie, le tissage est l’art le plus ancien du Pérou. On a par exemple retrouvé des vestiges de tissus végétaux datant de 5780 avant J.-C. dans la grotte del Guitarrero. Les premières traces de tissus de coton remontent à 2500 avant J.-C., dans la vallée de Chicama. Les artisans diversifièrent ensuite rapidement leurs pratiques avec l’introduction de la laine de lama et d’alpaca. C’est d’ailleurs pour cette dernière qu’ils développèrent le rouet et le fuseau. Les instruments utilisés pour tisser étaient très basique, mais les techniques variées. Les couleurs étaient fabriquées à base de teintes végétales ou minérales. Parmi les plus précieuses, figurent aussi quelques teintes d’origine animale. Dès l’époque Huari, le rouge est extrait de la cochenille, insecte parasite du cactus. On peut aussi citer le pourpre, issu des mollusques Murex.
Le textile est une des formes d’art les plus anciennes du Pérou. Son origine remonte au VIe millénaire avant notre ère, bien avant l’apparition de la céramique et de la métallurgie, mais il faut attendre le IIIe millénaire pour voir se développer l’usage du coton. Ses longues fibres se prêtaient d’avantage à l’utilisation des métiers à tisser et permettaient d’obtenir des tissus plus souples et plus résistants. L’utilisation des fibres animales (alpaga, lama, vigogne sauvage) se généralisa plus tardivement. Contrairement au coton, les fibres animales présentent l’avantage de bien fixer les teintures.
Le tissu avait une grande valeur, et pouvait être une offrande rituelle, une monnaie d’échange, une dot de mariage, un présent pour conclure une alliance diplomatique ou encore un butin de guerre. Aux yeux des Incas, les tissus n’avaient pas une valeur inférieure aux métaux et pierres précieuses. Chaque famille devait tisser une certaine quantité de toile pour l’Inca qui profitait de cet impôt pour alimenter les fonds nécessaire au grand train de vie qu’il menait. À l’époque Huari, l’iconographie la plus fréquente s’inspire du style de la porte du soleil de Tiahuanaco avec le dieu de l’arc et autres figures anthropo-zoomorphes. On assiste aussi à une harmonisation du format, avec une moyenne de 10 à 14 km de fil pour réaliser chaque tunique. Ce sont de véritables tapisseries, qui représentent des scènes mythiques entourées de fresques qui ont pu inspirer les autres arts précolombiens.
Les chroniqueurs espagnols ont illustré avec une profusion de détails les vêtements de l’époque inca. On sait ainsi que les péruviens du peuple portaient normalement l’ahuasca, une sorte de tunique tissée assez grossièrement en coton ou laine d’alpaca. Les membres de la classe royale utilisaient le cumbi, un tissu plus raffiné qui rappellera aux colons la texture de la soie. Vivement coloré, il était orné de motifs géométriques très réguliers dont la richesse était proportionnelle au rang du propriétaire. Les personnes de haut lignage portaient en plus des sandales, des bijoux et des coiffes ornées de plumes. À l’époque inca, le vêtement masculin se composait d’une tunique rectangulaire portée directement sur le corps, appelée unkhu à l’époque inca, et recouverte dans le dos d’une cape. Les hommes étaient chaussés de sandales de corde ou de cuir et arboraient sur le front un bandeau de tissu. De petits sacs contenant des feuilles de coca, appelés chupsa, complétaient la tenue.
Les femmes incas se drapaient d’une grande pièce de tissu rectangulaire composée de deux lès cousus, dont le dos était rabattu sur le devant et maintenu par des épingles de métal, les tupus. Une large ceinture enserrait la taille et les épaules étaient couvertes d’une mante rectangulaire dont les pointes se croisaient sur la poitrine. Elles portaient également la chupsa pour transporter des feuilles de coca. Les Incas avaient même développé une technique élaborée pour insérer des plumes de perroquets exotiques au cours du tissage. C’est surtout au Sud, notamment sur les momies des nécropoles de Paracas, Nazca et Chancay que l’on peut trouver de beaux témoignages de cette apogée de l’art du tissage. Le climat aride de ces régions a en effet permis une conservation optimale de ces matières organiques fragiles.
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