Architecture au Pérou

De l’architecture Inca au style colonial.

Site archéo Chimú de Chan Chan, Trujillo

Les fouilles archéologiques ont mis au jour de nombreux temples pré-incas : les huacas. Les plus célèbres sont le temple du soleil et de la lune de l’époque Moche, la Huaca du Dragon de Chanchán de l’époque Chimú, les édifices de Tiahuanaco, de la montagne du purgatoire et de Pachacamac. Ils ont en commun une structure pyramidale en escalier, constituée de divers niveaux de terrasses reliées par une rampe. Cette architecture religieuse est conçue sur la forme d’une montagne, pour permettre l’élévation de l’homme vers les dieux grâce aux rituels sacrés. On suppose que le petit édifice sacré qui surplombait les temples était construit en bois, mais hélas on n’en trouve trace que sur des maquettes en céramique. Des fresques murales ornent certaines pyramides, comme celle d’El Brujo à Pañamarca.

Chullpa inca de Sillustani, région de Puno

Le matériau le plus utilisé est la brique d’adobe ou d’argile séchée au soleil, qui convenait bien au climat sec. L’exemple le mieux conservé est Chanchán, la capitale du royaume Chimú. Les murailles qui entourent la ville ont une épaisseur qui va de 4 mètres à leur base à 1,5 mètre au sommet. Les bas-reliefs qui ornent les façades des palais ont été gravés directement dans l’argile humide des briques, ou moulés avant de construire le mur. Originalement de couleur ocre pale, ils étaient recouverts de stuc et peints de couleurs vives. Les motifs utilisés sont toujours des formes stylisées très symétriques, inspirés de l’art du textile. Ils font alterner dessins géométriques et représentations zoomorphes inspirés surtout du monde marin.

Architecture inca à Ollantaytambo

C’est à partir de l’époque inca que la pierre taillée devient le matériau de construction principal. La complexité et la précision des techniques développées pour tailler et assembler les pierres laissent toujours perplexes les archéologues les plus avertis. La majorité des édifices sont en effet construits en empilant d’énormes blocs parfaitement ajustés l’un à l’autre, permettant d’éviter l’usage de jointures. Pour les constructions moins prestigieuses, on utilisait toutefois la technique appelée pirka qui permettait de joindre les pierres avec une sorte de mortier à base de boue.

Monastère Santa Catalina, Arequipa

Les Incas ne sont pas les premiers à maîtriser l’usage de la pierre. Ainsi, certaines constructions mégalithiques situées sur les rives du lac Titicaca sont en effet bien antérieures. L’organisation des quartiers résidentiels selon un tracé géométrique est un héritage de la civilisation Huari. Mais l’un des grands mérites des Incas a été d’intégrer totalement les constructions au paysage andin, souvent à l’aide de terrasses artificielles, visibles notamment au Machu Picchu et à Ollantaytambo.

Façade coloniale à Lima

La particularité de l’architecture coloniale du Pérou est son métissage ; elle a puisé dans les styles apportés d’Europe par les colons sans tourner le dos aux matériaux traditionnels comme l’adobe (mélange de paille et de terre séchée) et la quincha (bambous recouverts de boue). Au XVIe siècle, c’est surtout la version espagnole de la Renaissance italienne qui est prisée pour son faste ornemental. Le plus connu est le style plateresque qui se reconnaît à ses façades ornées de grandes armoiries et finement ouvragées par des orfèvres de la pierre.

Façade néo classique de Lima

Au même moment se développent des avatars du style mauresque (architecture espagnole soumise à l’influence arabe). Des arceaux finement dentelés s’ouvrent sur des patios ombragés, de la calligraphie arabe parent les murs et les plafonds de bois. Un peu plus tard, le style herrérien rend hommage à la grande sobriété et simplicité monumentale de l’architecte espagnol Juan de Herrera qui dessina pour Philippe II le palais Escorial de Tolède.

Entre 1660 et 1725, le baroque péruvien adopte une expression particulièrement exacerbée, qualifiée de style churrigueresque en référence à son architecte emblématique, José de Churriguera. Il s’exprima notamment dans les colonnes serpentiformes et les décorations chargées des façades. Avec l’arrivée des Bourbons sur le trône d’Espagne en 1701, le baroque péruvien s’inspira d’influences plus françaises. Les formes sont plus simples et privilégient balcons et jardins.  Au XIXe siècle, le courant néoclassique remet au goût du jour les formes classiques de style grec, roman et renaissance. La préférence va au symétrique, à la ligne droite et aux frontons triangulaires, ainsi qu’aux colonnes romaines avec des chapiteaux corinthiens.

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