Les poupées Chancay

Ces mystérieuses poupées témoignent de l’art funéraire caractéristique de cette culture pré-inca.

La culture Chancay et ses rituels funéraires

La culture Chancay s’est développée entre le XIIe et le XVIe siècle dans les vallées fertiles de Chancay, Rimac, Huaura et Chillón, sur la côte centrale du Pérou. Les Chancay se sont démarqués par leur spécialité dans le travail du textile, par la broderie, le tissage et la coloration des tissus. Ils créaient de nombreuses parures et vêtements. Leur grande maîtrise du textile s’est bien entendu retrouvée dans les rituels et les cérémonies religieuses. Les Chancay ont en effet laissé peu de vestiges architecturaux, mais leur art de la céramique et du textile sont restés quant à eux mémorables. De nombreuses sépultures ont été trouvées avec diverses offrandes, dont des figurines finement brodées. Celles-ci avaient pour objectif d’évoquer des moments clés de la vie du défunt, mais aussi une garantie de protection dans le passage de l’au-delà.

Caractéristiques des poupées de Chancay

Les poupées de Chancay sont des représentations de femmes pour la grande majorité, d’autres incarnent probablement des esprits ou bien des dieux. Ces figurines sont confectionnées à partir de laine, de coton et d’autres fibres végétales. Elles sont assemblées avec des broderies et des galons rebrodés. Leurs tailles sont diverses, elles peuvent aller d’une dizaine à une cinquantaine de centimètres. Certaines sont entières, placées dans un pochon brodé, d’autres ont uniquement le visage. Les couleurs utilisées sont dites ‘‘naturelles’’ : terre, rouge, beige, marron, jaune et noir. Les broderies et visages de ces poupées varient en fonction de leur créateur.

Un art populaire et reconnu

Symboles de l’art pré-inca, les poupées de Chancay sont devenues au fil du temps les emblèmes de l’art funéraire andin. Elles sont devenues partie intégrante de la culture populaire, utilisées comme offrandes, amulettes de protection ou bien de fertilité. Elles ont été également une source d’inspiration pour plusieurs artistes-peintres péruviens du XXe siècle, comme fut le cas pour Charo Noriega, qui capturait picturalement ces poupées sur ses toiles. Cette artiste a souhaité représenter au travers de ses toiles les éléments iconiques de l’art du Pérou ancien. Plusieurs modèles retrouvés sont exposés à travers le monde, notamment au musée national d’Art moderne du Centre Pompidou à Paris. On peut également retrouver des répliques à la vente en tant que décoration intérieure dans les marchés traditionnels, et des boutiques d’artisanat spécialisées dans l’art andin provenant du Pérou, de Bolivie ou encore du Chili.