1er février 2024

 

Parmi les différentes routes archéologiques présentes au Pérou, l’une des plus connues est celle de la Route Mochica (également appelée Moche), qui longe une partie de la côte Pacifique nord. La culture pré-inca Mochica, succédée par la culture Chimú, s’est développée du IIe siècle jusqu’au Ve siècle dans la vallée Moche, plus précisément entre les villes de Trujillo et de Chiclayo. Aujourd’hui, de nombreuses enclaves archéologiques, vestiges et expositions permanentes sont à proximité, pour découvrir en profondeur cette riche culture mais aussi ses successeurs.

 

Complexe de Huaca de la Luna y del Sol

Complexe de Huaca de la Luna y del Sol

À une demi-heure en voiture depuis Trujillo, vous trouvez l’un des sites phares de la culture Mochica, le complexe de Huaca de la Luna y del Sol. Sa situation stratégique permettait une optimisation des ressources que proposait la vallée comme l’accès à l’eau, aux forêts, et la possibilité de pêcher et d’exploiter le guano, un engrais naturel. L’endroit est composé de deux pyramides, celle du Soleil et celle de la Lune. La première avait une fonction politique et administrative, tandis que la seconde, située à 500 mètres de l’autre, était utilisée à des fins religieuses. En effet, plusieurs temples servaient à louer les divinités. Entre les deux huacas, un réel noyau urbain s’était créé, composés de maisons, de places, de ruelles et d’avenues. Aujourd’hui, les restes sont mineurs, car plus des deux tiers du site ont été détruits par les colons espagnols.
La Huaca del Sol est la plus grande pyramide. Faite d’adobe, elle est haute de 30 mètres et s’étend sur 345 mètres de long et 160 mètres de large. Sa base rectangulaire disposait de plusieurs terrasses, où les Moches exerçaient leurs activités politiques et religieuses. La huaca étant trop fragile, elle n’est pas visitable. Il est toutefois possible de la contempler de l’extérieur.

Complexe de Huaca de la Luna y del Sol

La Huaca de la Luna, quant à elle, est accessible. Haute d’une vingtaine de mètres, elle s’étend sur 87 mètres. Il est fort probable que cette huaca ait été le centre religieux le plus important de la zone. D’importantes cérémonies y avaient lieu, notamment des sacrifices en l’honneur du dieu Ai Apaec. Une quarantaine de cadavres ont d’ailleurs été retrouvés à l’intérieur.
On retrouve de nombreux patios et restes d’anciens temples, ainsi que des fresques murales, où l’on peut visualiser les principales divinités sculptées ou bien en peinture polychrome. À côté de cette huaca se trouve le musée Huaca Moche, idéal pour compléter ses connaissances sur le lieu et la culture Moche.

 

Le complexe archéologique El Brujo

Le complexe archéologique El Brujo

À une heure de route au nord de Trujillo, près du río Chicama, se trouve El Brujo. Ce complexe archéologique ancien était un centre cérémoniel important de la culture Moche. Après la chute de cette civilisation, le lieu fut repris en tant que cimetière ou bien lieu de culte par plusieurs cultures, dont les Lambayeque, les Chimú, les Incas ou encore les colons espagnols. Découvert dans les années 1940, il n’a toutefois été étudié qu’à partir de 1990.
Le site se compose de trois édifices principaux : la Huaca Prieta, la Huaca Cao Viejo et la Huaca Cortada. La première, qui date de la période précéramique andine, est un monticule ovale construit avec des roches mélangées à des déchets et des restes de cendres, lui valant un deuxième nom, la Huaca Negra. Cette Huaca était le lieu où des agriculteurs sédentaires construisaient des pierres à partir de la boue souterraine. Les deux autres sont plus récentes, elles datent de l’époque Mochica. La Huaca Cortada présente une structure pyramidale surélevée par des plates-formes superposées, ornées de frises de poissons peints en rouge, blanc, noir, gris et jaune. Quant à la Huaca Cao Viejo, elle est dotée d’une place centrale de forme rectangulaire, de plusieurs niveaux échelonnés. Elle possède de nombreux espaces supérieurs présentant une impressionnante quantité de peintures murales et de hauts-reliefs polychromes. C’est dans celle-ci qu’ont été retrouvés en 2004 les restes de la Dame de Cao.

Le complexe archéologique El Brujo

La Dame de Cao est le nom donné à la plus importante souveraine Mochica ayant régné dans la vallée de Chicama. Elle occupait des fonctions politiques, militaires mais également religieuses. En effet, on a retrouvé des traces de tatouages zoomorphes et géométriques sur plusieurs parties de son corps, propres aux personnes de rang social élevé et aux chamans de l’époque.
Le musée de Cao, qui se trouve juste en face, est ouvert au public. Inauguré en 2009, il se compose de sept salles regroupant toutes les fouilles réalisées, exposant céramiques, textiles, paniers et reconstitutions des scènes du quotidien. Dans l’une d’elles, on retrouve la célèbre momie de la Dame de Cao. Ornée de textiles et de bijoux précieux relevant de son importance, elle est la preuve que des femmes pouvaient occuper d’importantes fonctions dans l’organisation sociale des cultures préhispaniques.

 

La cité de Chan Chan

Cité de Chan Chan

Pour parfaire vos découvertes sur l’archéologie précolombienne, la cité de Chan Chan est un incontournable. Située à 5 km de Trujillo, Chan Chan était autrefois la capitale du royaume Chimor, culture qui s’est développée après la chute des cultures Wari et Moche, entre le VIIIe et le XIVe siècle. Déclarée depuis 1988 au Patrimoine Mondial de l’Humanité, elle est la plus grande citadelle en adobe du continent, étalée sur presque 28 km².
Chan Chan abritait plus de 50 000 personnes, réparties dans dix citadelles fortifiées. De grandes rues séparaient les différents quartiers. Les bâtisses, ornées de haut reliefs sculptés, sont faites de boue, d’eau, de coquillages et de jus de cactus. Son système de stockage ingénieux dans des grandes salles de boue lui a permis plusieurs fois de survivre au phénomène météorologique de El Niño.

Cité de Chan Chan

Aujourd’hui, on peut voir les vestiges de la citadelle, des palais, des fresques murales, des réserves et des anciennes réserves d’eau (certaines sont encore remplies). La culture Chimú se distingue par son culte à la mer. On retrouve en effet beaucoup de figures rappelant les vagues de l’océan Pacifique, des poissons, des oiseaux marins, mais on remarque également des animaux terrestres, des figures géométriques et d’autres éléments de la vie quotidienne.
Un musée est présent au sein du site. Il expose le développement culturel préhispanique, dont ceux des cultures Moche et Chimú.

 

Le complexe archéologique Huaca Rajada

Musée Huaca Rajada Sípan

Au nord de Sipán, à l’est de Chiclayo, la Huaca Rajada fut jadis le plus gros site funéraire de la culture Moche et elle est l’un des derniers sites précolombiens ayant été retrouvés intacts. Une quinzaine de chambres funéraires y ont été découvertes, réparties en plusieurs étages selon l’ancienneté. La tombe la plus connue reste celle du seigneur de Sipán, un haut dirigeant de l’époque adoré par son peuple. Ses restes étaient entourés d’ornements, d’offrandes, de bijoux en or, en argent et en bronze, mais également de deux hommes, deux femmes et un chien.
Face aux vestiges, un musée a été créé en 2009. Il expose les différentes découvertes lors des excavations : céramiques peintes, tissus, statuettes de divinités, bijoux en métaux et pierres-semi précieuses etc.

 

Les Tumbas Reales de Sípan

Musée Tumbas Reales

À 20 minutes au nord de Chiclayo, à Lambayeque, vous trouvez l’un des meilleurs musées du Pérou : celui de Tumbas Reales de Sipán. Inauguré en 2002, il a été conçu par les architectes Walter Alva et Luis Chero Zurita. Son architecture est inspirée de celle des pyramides Moches. Le musée recueille la majorité des découvertes réalisées lors des différentes fouilles du site de Huaca Rajada. On y retrouve les céramiques, textiles et instruments de musique caractéristiques de cette culture, mais aussi les différentes sépultures qui y sont dévoilées, comme celles du prêtre guerrier et du seigneur de Sipán. Une réplique de ce dernier y est d’ailleurs présentée.

 

Site de Túcume

Túcume

Autre lieu annexe à découvrir près de Chiclayo, le site de Túcume, qui témoigne de la présence de plusieurs cultures précolombiennes comme les Sican, les Chimú, les Lambayeque mais aussi les Incas. L’ancienne capitale du royaume de Lambayeque est connue pour être la vallée des pyramides la plus vieille d’Amérique. Elle regroupe en effet plus de vingt-six constructions pyramidales faites en adobe et plusieurs huacas, regroupées autour du Cerro La Raya. Elle était l’un des centres administratifs et cérémoniels de ces cultures préhispaniques. Depuis le Cerro Purgatorio, une vue panoramique sur le complexe permet de le contempler dans toute sa splendeur.

Túcume

Le musée qui jouxte le site a été construit avec des matériaux qu’utilisaient les habitants de l’époque, à savoir des roseaux, de l’argile, de l’adobe ou encore de la caroube. Il présente une grande collection d’objets archéologiques correspondant à la dernière phase de la culture Lambayeque, aux cultures Chimú et Inca et à la période coloniale. Le site de Túcume est un lieu mystique, de nombreux chamans de la région se réunissent chaque année, durant le mois de septembre, pour effectuer diverses cérémonies pour invoquer les divinités.
Vous l’aurez compris, l’histoire du Pérou est aussi complexe que fascinante. Visiter ses vestiges vous plonge dans plusieurs parties clés de son histoire, et parcourir la route Mochica vous permettra de réaliser amplement la grandeur des cultures pré-incas.

Marilys T.

Nos circuits dans la région

Carnet pratique

Trujillo – Huaca del Sol y de la Luna : 5 km
Trujillo – Chan Chan : 5 km
Trujillo – El Brujo : 60 km
Chiclayo – Museo Tumbas Reales de Sipán : 10 km
Chiclayo – Huaca Rajada Sípan : 30 km
Chiclayo – Tucume : 33 km

Pour le climat et le fort ensoleillement, ne pas oublier bouteilles d’eau, lunettes de soleil, crème solaire, lotion anti-moustiques et vêtements confortables. Prévoir également de la monnaie si vous souhaitez visiter des musées.
Attention, le musée Tumbas Reales de Sipán interdit l’utilisation d’appareils photos lors de la visite.
Il est conseillé de manger dans les restaurants situés avant les complexes archéologiques.

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